Gaston Bachelard (1884-1962) est l’auteur d’une œuvre foisonnante où alternent des ouvrages sur la science moderne, ses crises, ses démarches et son esprit, mais aussi sur la métaphysique du temps et sur l’imaginaire poétique. Cette prolifération pose la question de l’unité de sa philosophie, question qui embarrasse bien des commentateurs. Comment penser ensemble les axes pourtant opposés de la rationalité scientifique et de l’imaginaire ? Comment articuler un cogito de problématisation (celui du savant) et un cogito d’adhésion au monde (celui du poète) ?
C’est pourtant cette difficile unité que Bachelard situe à l’horizon de sa quête et qui constitue pour lui la condition d’un nouvel humanisme pour notre temps. Il faut penser à la fois l’ouverture indéfinie de la raison dans le développement scientifique et l’enracinement dans l’imaginaire anthropologique qui fait de nous des terriens. À quelles conditions pouvons-nous à la fois comprendre et transformer le monde et véritablement l’habiter ? On cherchera dans la pensée de la formation, le lien permettant de relier science et poésie.