le pouvoir des symboles esthétiques : Kant, Novalis, Mallarmé

 Vendredi 12 janvier 2018 – 20h30

Il s’agit de comparer les pouvoirs attribués aux symboles esthétiques par trois grands théoriciens et praticiens du symbolisme : le philosophe Kant, le poète romantique allemand Novalis, et le poète Mallarmé, maître à penser et chef de file du symbolisme littéraire français. Kant théorise la nécessité de faire usage de symboles sur deux plans complémentaires : d’une part, théologique et moral, pour pouvoir parler de Dieu d’une façon anthropomorphe critiquement autorisée ; d’autre part, esthétique et réfléchissant, pour que nous puissions à la fois jouir des œuvres du génie artiste et réfléchir ce qu’elles nous donnent à penser. Novalis, s’appuyant sur Goethe et Schelling, veut au contraire attribuer au symbole poétique la puissance magique de nous faire connaître mystiquement et guérir physiquement comme moralement les maux de l’homme. Mallarmé, enfin, nous semble tenir des deux positions précédentes, sans en avoir eu une connaissance directe, en élaborant ce qu’il nomme « le poème critique » qui, comme chez Kant, récuse toute prétention du symbole esthétique à nous faire saisir l’Absolu, et qui, néanmoins, en reprenant l’idée, somme toute novalisienne, de l’union fondamentale de l’homme et de la nature sur la base des nouvelles sciences physiques (l’entropie) et biologique (l’évolution) prétend inscrire l’autonomie humaine et ses drames tragiques, dans le Livre d’un nouveau Théâtre, susceptible de refonder le lien social républicain au sein de ce qu’il nomme « le peuple souverain ».

André STANGUENNEC