Conférence de Michel-Elie MARTIN, 5 mai 2023
Quelle est la nature du réel scientifique ? Comme on sait, celui-ci est défini comme étant ce que les esprits scientifiques conçoivent et prouvent à propos de la Nature. Le réel scientifique se présente comme la représentation vraie de la réalité de la Nature ; et ce réel scientifique devrait être prééminent par rapport au réel perçu, rêvé, imaginé, au motif qu’il trouverait ses points d’ancrage dans la Nature au niveau de données sensibles claires et précises et au niveau de vérifications par des expériences renouvelées.
Mais comment les données sensibles peuvent-elles offrir un point d’ancrage solide dans la Nature pour une représentation scientifique et vraie de la réalité de la Nature, s’il est vrai qu’il faut se méfier de notre perception immédiate ? De quelle nature est l’expérimentation scientifique pour soutenir qu’elle donne des preuves de vérité ? Ces preuves permettent-elles de décrire et de retrouver les phénomènes de la nature ou bien, plus profondément, permettent-elles de saisir la Nature en elle-même en expliquant sa puissance de production de phénomènes ?
À supposer que ce soit le cas, cela signifie-t-il que le réel scientifique soit le seul à pouvoir revendiquer légitimement le statut de réel véritable ? Les méthodes de la physique et de la chimie n’ont-elles pas des frontières définies une fois pour toutes ? Bref, n’y a-t-il pas de place pour une métaphysique de la Nature, avec une méthode spécifique pour définir la nature en elle-même dans sa puissance productive?