À l’heure où l’on stigmatise sans cesse tout communautarisme – en oubliant par contre souvent les dangers du populisme – il convient de reconnaître le sens et la valeur de l’idée de Communauté. Médiatrice entre la singularité individuelle et l’État, la communauté représente – mieux que les instances de la Société civile, reconduisant la logique des intérêts individuels – le moment de la particularité. Si on le néglige, l’universalité de la sphère étatique demeure abstraite et l’individu s’en détourne, faute de s’y reconnaître, ou à l’inverse elle est investie de toute la charge, axiologique et affective des religions, ce qui caractérise les régimes totalitaires où c’est alors le Peuple qui est l’objet d’une sacralisation mystique, en une immédiateté politique qui s’alimente parfois à des considérations ethniques. Comment donc tenir compte de la différence, i.e. de ce qui s’exprime dans les communautés, pour éviter les dangers du populisme ou du nationalisme, tout en pensant l’identité et la rationalité dont la notion d’État, plus que celle de Nation, ou de Peuple, est garante ? Tel est le le défi à relever dans le cadre multiculturel de nos États modernes, mais telle est aussi la chance qui nous est donnée de ressaisir le rôle essentiel de la Communauté pour une pensée authentique du Peuple.
Jean-Marie LARDIC