l’homme n’est-il qu’une espèce naturelle ?


Si l’homme n’est qu’une espèce naturelle, en ce qu’il est une créature de la nature jusque dans sa différence d’avec les autres êtres (animaux, végétaux et minéraux), n’est-il pas logiquement et donc nécessairement amené à vouloir « se rendre maître et possesseur » de lui-même comme de la nature ? Le devenir-monde moderne de la civilisation mécanique, qui s’accomplit aujourd’hui dans la « révolution biotechnologique », ne prétend-il pas « refaire l’homme » selon un constructivisme ultra-libéral essentiellement désireux de puissance ?

    La seule façon de contrer cette menace pressante ne serait-elle pas de considérer que l’homme est aussi, à l’évidence, un être culturel, dont l’identité et la dignité reposent sur le sens qui habite son esprit et qu’il exprime et communique à ses semblables ? Cela ne lui promet-il pas de s’épanouir selon une civilisation esthétique soucieuse de reconnaissance, comme y appellent les penseurs communautariens contemporains ? Mais l’irréductible « différence » revendiquée par les « identités culturelles » ne substitue-t-elle pas la perspective d’un « choc des civilisations » à celle de la « guerre des étoiles » ?

    Ce qui est en jeu ici, c’est de savoir si l’homme relève d’une naturalité et/ou d’une culturalité l’assignant au destin d’une post-humanité effrayante, ou bien d’une identité et d’une dignité singulières l’ouvrant à la destinée d’une vie éclairée et émancipée.

Joël GAUBERT