Dans les sociétés démocratiques contemporaines, les individus revendiquent le droit d’aimer librement. Ils sont attachés à la réussite de leur vie sentimentale et à l’épanouissement de leur sexualité. Mais le corps épris nous permet-il d’accéder à l’existence heureuse que nous désirons ? L’amour charnel ne constitue-t-il pas un ressort de l’inquiétude ? La pudibonderie et le libertinage expriment, chacun à leur manière, une tentative pour se rassurer. Les prudes valorisant un amour éthéré et les libertins exhibant une corporéité morcelée, n’éprouvent-ils pas, chacun à leur manière, une crainte devant la chair désirable ? Une véritable philosophie de l’amour oppose les figures du pudibond et du libertin à celle d’un amant disposé à jouer le jeu d’une passion amoureuse à la fois inquiétante et joyeuse.
Jean-Marie FREY