Ernst Cassirer (1874-1945) fait de la « fonction symbolique » le plus propre de l’homme et ce dont l’exercice, individuel et collectif, rend les hommes de plus en plus libres dans leurs rapports au monde, entre eux et à eux-mêmes. Mais en quoi consistent exactement cette faculté de « mise en forme » du monde comme de soi-même par l’esprit humain et les « formes symboliques » culturelles que celui-ci engendre ainsi (mythe, religion, langage, art, droit…) ? Et, bien plutôt que de les libérer progressivement, ces « formes symboliques » ne rendraient-elles pas les hommes de plus en plus dépendants de leurs propres structures (mythiques, techniques et politiques, notamment, voire langagières et autres) contraignantes et même aliénantes, comme en témoigne l’histoire de l’humanité contemporaine (dans la domination totalitaire et maintenant le terrorisme planétaire, certes, mais aussi dans la servitude démocratique) ?
Après la reconstruction du système théorique (et historique) des formes symboliques, nous confronterons celui-ci à l’effectivité (la réalité) politique contemporaine (totalitaire mais aussi démocratique) ainsi qu’à la finitude ontologique de la condition humaine, pour juger, enfin, de la liberté dont leur condition symbolique rend les hommes capables, en nous demandant si leur histoire relève bien d’une destinée incluant la liberté ou d’un inexorable destin, voire d’un inextricable et désespérant chaos.
Joël Gaubert, le 28 août 2020