Joël Gaubert Vendredi 10 novembre 2017 – 20h30
La faculté symbolique de l’esprit humain de se représenter le monde, les autres et soi-même, par la médiation de signes – langagiers notamment – et d’agir en conséquence, ne constitue-t-elle pas « le plus propre » de la condition humaine ? Cette faculté de symbolisation (ou « fonction symbolique ») paraît bien être, en effet, à l’origine de l’être au monde de l’homme dans et face à la nature et, surtout, au fondement même de la culture qu’il institue pour passer, peu à peu, de la nature à la liberté, et donc au fondement de son humanisation elle-même. Si celle-ci relève bien d’une symbolisation progressive pacificatrice des rapports de l’homme au monde et avec autrui, nous ferons ici l’hypothèse qu’il se pourrait bien que toute dés-humanisation provienne d’une dé-symbolisation régressive de la réalité humaine collective (ou dé-civilisation) et personnelle (ou dé-moralisation). Cela ne nous conférerait-il pas alors la tâche d’une re-symbolisation réflexive de l’existence humaine, dans tous les domaines, dont tout particulièrement à l’école et jusqu’en philosophie, mais aussi dans la cité elle-même, ou encore en amour et en amitié, si nous voulons bien combattre le retour actuel de la violence la plus barbare engendrée par le nihilisme contemporain ?
Pour faciliter et radicaliser à la fois notre recherche, nous nous proposerons d’examiner ici trois grands régimes de symbolicité dont la distinction et l’articulation semblent bien être susceptibles de rendre compte à la fois de la diversité et de l’unité des grands champs de l’expérience que l’homme fait du monde (naturel et culturel), comme d’autrui et de soi : le régime analytique instrumental/symptomatique, ou encore indiciel, le régime herméneutique sentimental/signalétique, ou encore iconique, et le régime critique moral/idéel-idéal ou purement symbolique.
J. Gaubert, 21 septembre 2017