De la sensibilité à l’être

 La sensibilité à la présence de l’être est le sentiment qui mobilise la recherche ontologique. Trois modalités en seront analysées. Pour Aristote et Leibniz, c’est l’étonnement qui est à l’origine de la métaphysique comme connaissance des premières causes. Mais Heidegger montre bien que, l’étonnement menant à la question « pourquoi ? », la métaphysique aliène la présence en objet présent et réduit l’être à quelque chose ou quelqu’un d’étant. À l’étonnement, il faut donc substituer l’angoisse révélatrice de la présence indéterminée de l’être comme néant prévalent et prépotent. Mais le dire heideggerien de l’être mène à une nouvelle aliénation, celle de l’autonomie de l’homme par l’hétéronomie de la « sur-puissance » (Über-Gewalt) de l’être, cela contre toute forme d’humanisme. Toutefois, les apories auxquelles mènent les analogies poétiques de l’être en contexte heideggerien exigent la constitution anthropologique d’une ontologie de l’humain dont le sentiment fondamental est l’inquiétude du soi (die Unruhe des Selbst) dont nous élaborerons enfin le concept en référence tout autant à Aristote qu’à Hegel. La conférence s’achèvera par l’analyse des conséquences morales et spéculatives de l’inquiétude réflexive constitutive de l’être-homme.

André STANGUENNEC